Si rien n’est fait, et de manière urgente par la plus haute autorité du Gabon, c’est-à-dire le Président de la République, le pays devrait perdre dans les prochains jours, un investisseur de référence, en l’occurrence l’usine de fabrication des médicaments inaugurée le 10 novembre 2020 (deux ans seulement) par le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba. C’est le constat fait au sein de cette usine située à la Zone Économique Spéciale de Nkok, à 27 kilomètres de Libreville.

Des machines en arrêt, des tonnes de médicaments stockés courant vers la date de péremption, une ardoise salée vis-à-vis de l’Etat, voilà le tableau sombre que dégage la nouvelle usine de fabrication des médicaments inaugurée personnellement par le chef de l’Etat Ali Bongo Ondimba il y a moins de deux ans. Et si une décision forte n’est pas prise au sommet de l’Etat pour sauver cette entreprise, elle mettra tout simplement la clef sous le paillasson et migrer sous d’autres cieux.
Pourtant lors de son inauguration, le ministre de la Santé Patrick Obiang Ndong avait salué l’heureux aboutissement de ce grand projet qui devait permettre au Gabon de se procurer à moindre coût les médicaments et se faire ravitailler à temps pour ne plus connaître le phénomène de manque de médicaments dans les différentes structures hospitalières. Qu’est ce qui vient alors assombrir cette belle initiative qui n’a pas eu le temps de faire ses premiers pas au point où deux ans à peine, l’entreprise envisage déjà plier bagages ?
En effet, après un investissement de plus de deux milliards de FCFA , Santé Pharmaceutique peine à réaliser un chiffre d’affaire de vingt millions en deux ans. Et pourtant les produits sont fabriqués et disponibles non seulement pour le Gabon, mais aussi pour le reste de l’Afrique, l’usine ayant une vocation internationale. Et pour mieux s’implanter et faire face à la concurrence déloyale dictée par les lobbies et autres grands groupes de renommé, le gouvernement Gabonais devait prendre un certain nombre de mesures. A l’exemple de l’exclusivité de vente de certains produits pharmaceutiques courants qui ne devraient plus être importés. Et sur ce volet, près de 42 médicaments seulement devaient être « protégés » par l’Etat pour leur commercialisation exclusive par l’industrie de fabrication locale. Mieux, pour soutenir la production locale, les pharmacies devaient privilégier les produits sortis de Santé Pharmaceutique qui n’ont rien à envier à ceux des grandes firmes occidentales. Le rapport qualité-prix était aussi une raison de soutenir les produits made in Gabon car moins chers (40%) que ceux des autres fabricants.
A lecture de la réalité aujourd’hui, aucune de ces mesures n’est appliquée. La production ne trouve pas preneur, les officines de pharmacie préfèrent acheter plus cher ailleurs, les 42 produits n’ont jamais été l’exclusivité de Santé pharmaceutique. Pire depuis 8 mois, les produits d’une valeur de près de 150.000.000 FCFA sont stockés et courent vers les dates de péremption. L’usine est presqu’à l’arrêt.

Intervention urgente du Chef de l’Etat
Face à ce tableau apocalyptique, connu par le Premier Ministre Rose Christiane Ossouka Raponda et son ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang Ndong, qui visiblement n’arrivent pas à trouver des solutions pérennes pour favoriser l’épanouissement de cet investissement, des voies s’élèvent pour interpeller le chef de l’Etat lui-même, afin de prendre des mesures urgentes pour garantir la viabilité de cet outil qui avait pour mission de mettre le Gabon à l’abri des récurrentes pénuries des médicaments dans les différentes structures hospitalières et de la forte dépendance des officines étrangères.
Ne pas le faire serait une manière de valider la mort programmée de cet investissement et démontrerait en filigrane qu’entre la volonté d’attirer les investisseurs et la capacité d’assurer leur survie, existe un grand fossé qui écorne le discours politique et rend les investisseurs de plus en plus septiques.
Ange Maya