
Le procès de Patrichi Tanasa a-t-il révélé l’ampleur de la gabegie, des détournements et autres distractions des fonds publics à Gabon Oil Compagne (GOC) ? C’est la question que se pose une large partie de l’opinion au regard des révélations issues du rapport d’un audit mèné par un cabinet de réputation internationale, qui met à nu les frasques du prédécesseur de Tanasa qui a laissé les comptes de la GOC au rouge.
Patrichi Tanasa avait pourtant soulevé la problématique des résultats de cet audit au moment où il prenait les rênes de la GOC. Il a révélé devant la barre des chiffres astronomiques et l’état dans lequel il avait trouvé les caisses de cette boîte gérée avant son arrivée par Arnaud Calixte Engandji. Mais la Cour criminelle a fait la sourde oreille, alors qu’elle devait sérieusement se pencher sur la gestion du prédécesseur de Tanasa pour savoir dans quel état il avait laissé les comptes.

Dans ce rapport de l’audit dont nous nous sommes procurés une copie, il fait mention des faits graves de détournement, d’enrichissement illicite et de distraction des fonds publics.
Il est noté par exemple que «dans le cadre de l’achat de la parcelle cadastrale YD8 numéro 55 vendu par la SCI ER BTP. La GOC a effectué un virement de 489 millions au cabinet du notaire Me Anne Gey, dont 400 millions au titre du prix d’acquisition dont aucune trace n’existe en comptabilité ».
Plus loin, il est relevé concernant l’acquisition des véhicules que « la GOC a acquis des véhicules de 156 millions qui ne figurent pas dans la comptabilité . La valeur brute du compte « 245 000 matériels automobiles » en 2019, 2018 et 2017 est respectivement de 53.000.000, 66.000.000 et 66.000.000 de FCFA ».
Sur la rémunération du DG c’est-à-dire Engandji lui-même, le rapport révèle que « au titre du règlement des salaires de juillet 2016 à mai 2017, l’Administrateur général (AG) a perçu la somme de 123.750.000 FCFA sur la base d’une attestation de rémunération mensuelle de 11.000.000 FCFA signée de Mr Victor Mouwoy AGA. Nous n’avons pas reçu la base et le fondement de cette rémunération » indiquent les auditeurs dans leur rapport, avant préciser que « aussi, nous (auditeurs, ndr) sommes dans l’attente du décret de nomination pour exploitation ». Le rapport ne s’arrête pas là. « En août 2017, l’AG a perçu la somme de 54.000. 000 FCFA, salaire mensuel de 9.000.000 FCFA au titre de la rémunération anticipées de six mois (de septembre 2017 à février 2018) ».
Les primes de fin d’année rentrent aussi dans la même veine que celle des salaires.
En effet, le rapport relève que « nous n’avons pas eu le fondement de la rémunération mensuelle de l’ADG. Il en est de même de sa prime de fin d’année de 103 millions soit 41% du montant total. Tout comme celle de l’AGA qui est 76 millions »
Sur les décaissements au titre du mécénat.
Le rapport conclut que « les décaissements liés au mécénat ne sont pas assez documentés. On note des risques de non atteintes des objectifs du fait des sommes alloués à des personnes physiques. Certaines transactions récurrentes à tiré d’exemple le décaissement à l’ordre de Nemma Ewele By. D’où un fort risque de distraction de l’actif » conclut le rapport sur ce point.
Sur les décaissements non documentés.
Pour les auditeurs, plusieurs justificatifs de l’exercice 2017 n’ont pas été donnés suite à leur demande. Ce qui peut cacher une gestion scabreuse des budget de la GOC.

Sur les mouvements financiers.
Les auditeurs ne sont penchés que sur la seule banque BGFI pour la période de mars à décembre 2017.
Il ressort que :
Le 06 mars 2017 un nivellement d’un milliard sept cent cinquante millions de FCFA a été effectué au VC101003962003962531. Une opération similaire d’un milliard six cent millions de FCFA a été effectuée le 29 du même mois au VC1010056588005658531. Le 07 juillet un virement de 100.000.000 FCFA en faveur d’Emi Engenerring & au VS10100505800565834. Le 24 novembre un approvisionnement de 500.000.000 FCFA au compte SB351006348006368327 appartenant à la personne d’Arnaud Engandji.
Soit un total de 7.573.828.000 FCFA.
Le plus rocambolesque est la fréquence de décaissement des fonds opérés par l’AG et ses proches.
La rapport relève que pendant la même période près de 6.750.000.000 FCFA ont été retirés des comptes de BGFI.
Détails :
Le 07 mars 2017, retrait 735835 par Arnaud Engandji d’un montant de 1.500.000.000 FCFA. Le même jour, et par la même personne, 250.000.000 FCFA sont retirés au 735873.
Le 30 mars 2017, c’est un certain Kalibi Iris qui effectue un retrait de 1.250.000.000 FCFA au 931916. Le 21 juillet 2017, un nivellement de 1.800.000.000 est effectué. Le 01 septembre 2017, deux retraits sont effectués par la Secrétaire particulière de l’AG. Un de 250.000.000 FCFA au 735873, un autre de 1.500.000.000 FCFA au 735885. Et le 01 décembre 2017, un approvisionnement de 200.000.000 millions est effectué dans le compte personnel de l’AG.

Cette première vue d’une infime partie de ce rapport d’audit peux démontrer l’ampleur des dégâts dans les caisses et comptes bancaires de la GOC. Une situation qu’a malheureusement héritée Patrichi Tanasa. Faudrait il alors se taire sur ce scandale financier qui a mis les voyants de Gabon Oil Compagny au rouge ? Quoique bénéficiant d’une humilité parlementaire Arnaud Engandji devrait à un moment donné rendez compte de sa gestion, afin de situer les responsabilités des uns et des autres.
La suite dans nos prochaines publications.
Ange Maya