Les douaniers comme les agents des forces de l’ordre et de sécurité n’aiment souvent pas délier leur langue, surtout à visage découvert. C’est ce mythe que vient de briser Mr Thibaut Alela, Secrétaire général adjoint du Syndicat National des Douaniers Unis (SYNADU). Au cours d’un entretien exclusif qu’il a accordé à notre rédaction, le syndicaliste fait l’état des lieux de la Douane gabonaise, des rapports entre la Direction général et les partenaires sociaux, des grandes réformes et des performances engrangées par cette administration considérée à juste titre comme l’un des deux poumons du budget de l’Etat. Lecture :
L’Objectif : Mr Thibaut Alela, en tant que responsable syndical, quel est le constat d’ensemble qui se dégage aujourd’hui dans le secteur Douanes ?
T.A : Merci pour l’opportunité que vous m’accordez ce matin de m’exprimer sur cette administration sensible qu’est la douane. De nombreuses idées préconçues et des carricatures erronées alimentent l’opinion sur le monde de la douane. Nombreux en parlent sans savoir les réalités de cette boîte.
Pour répondre directement à votre question, les Douanes gabonaises se portent bien dans l’ensemble. Nous constatons un certain regain d’engouement des agents, un climat de confiance est établie entre la Direction générale et les partenaires sociaux, les réformes vont bons trains et les résultats parlent d’eux-mêmes . C’est pourquoi je peux affirmer que les Douanes gabonaises se portent bien, et même très bien.
Vous avez embrayé sur les rapports entre la Direction générale et les partenaires sociaux (Syndicats). Nous constatons effectivement une accalmie depuis l’arrivée du nouveau Directeur général. La hache de guerre est-elle enterrée ou alors c’est une trêve que vous observez ?
T.A : il faut déjà comprendre que le syndicalisme devrait évoluer. Le syndicat ne devrait pas être un ennemi où l’adversaire de l’employeur. C’est un partenaire. Et dés qu’on parle de partenaire, on voit déjà une certaine entente, une franche collaboration pour traiter ensemble les problèmes et trouver des solutions consensuelles. Pour mieux caricaturer les rapports entre l’employeur et le syndicat, l’on peut prendre l’exemple d’un couple (le mari et son épouse ). C’est l’entente et la compréhension réciproque qui produira un foyer stable et épanoui.
La nouvelle équipe managériale conduite par le nouveau Directeur général a très vite compris que quand le dialogue est permanent, l’on se comprend facilement et l’on trouve ensemble des solutions. Les portes de la Direction générale sont en permanence ouvertes aux syndicats et l’oreille du Directeur général est très attentive. En effet, rien ne se fait actuellement à la douane derrière le dos des partenaires sociaux. Ils sont impliqués dans toutes les décisions qui devraient impacter leur existence. Et comme on le dit souvent « ce qui est fait sans nous est contre nous ». Ce qui veut simplement dire que les partenaires sociaux retrouvent leur place dans la maison Douanes et peuvent trouver des solutions qui arrangent tout le monde pour préserver les acquis et évoluer dans le bon sens. C’est ce qui explique l’accalmie observée, qui n’est que la résultante d’une étroite et franche collaboration entre la Direction générale et les partenaires sociaux. Et nous retenons l’image d’un couple, qui peut parfois disputer dans la chambre sans que le bruit ne parvienne au salon.
Vous faites bien de caricaturer l’image d’un couple pour illustrer vos rapports avec la Direction générale. Concrètement , qu’est ce qui a été fait pour l’amélioration des conditions de travail et vie des agents des Douanes.
T.A : C’est d’abord l’état d’esprit des agents et des responsables syndicaux que nous sommes qui a changé de façon positive. Quand une femme participe aux décisions du foyer, elle ne pourra pas avoir des inquiétudes sur la gestion de son époux. Elle saura par exemple qu’elle doit faire des sacrifices parce que la moitié du salaire va à la construction de la maison. Mais si elle n’est au courant de rien, et qu’on lui impose un régime à sec, vous pouvez imaginer la suite.
Je ne vais pas m’étendre sur tous les acquis qui ont été consolidés. Nous retiendrons que le suivi des carrières des agents est de nouveau activé. En dehors de la CNAMGS qui assurent la totalité des agents et leurs ayant droits, des assurances maladies complémentaires couvrent également tous agents ainsi que leurs ayant droits, histoire d’offrir les soins de qualité à tous. Que peut produire un agent malade ?
Je ne parlerai pas ici des différentes aides et assistance aux différents cas sociaux.
Bref, nous devons retenir que, s’il n’y a pas des cris et des grincements de dents, c’est que chaque partie trouve son compte. Et c’est encore la logique d’un couple heureux.
Au-delà de cet aspect, il y a-t-il eu d’autres réformes qui ont marquées de la présence de la nouvelle équipe managériale ?
T.A : Bien évidement. La bonne santé de la Douane aujourd’hui c’est un ensemble d’ingrédients qui amène aux meilleurs résultats que l’on enregistré. L’une des réformes que nous avons saluéé, c’est le retour de la prestation de serment de tous les agents des douanes. Depuis son arrivée, le Directeur général a rendu obligatoire ce rite qui est indispensable à l’exercice de la fonction de douanier. Pourtant exigée dans le Code des douanes, de nombreux agents n’ont jamais prêté serment. Ce qui exposait l’Etat à des lourdes condamnations au cas où un opérateur économique ou tout autre usager portait plainte pour un différend avec un agent non assermenté. A ce jour plus de 75% des agents sont assermentés et des séances de prestation de serment sont programmées dans les jours qui viennent.
En effet, il n’est pas question ici de réinventer la roue. Le Directeur général et son équipe veulent l’application stricte des règles et normes qui existent. Et parfois cela ne plaît pas à certains qui étaient habitués au pilotage à vue.
Le gouvernement fixe les objectifs budgétaires à l’administration des Douanes qui est l’une de ses mamelles. Où en est-on après le premier semestre ?
T.A : Même si cela ne relève pas de mon ressort, mais je puis vous rassurer que l’administration des Douanes est consciente des enjeux budgétaires. Et la nouvelle équipe, vous vous souviendrait qu’elle est arrivée en pleine période de la crise sanitaire de la Covid 19, a toujours rempli ses obligations et parfois même dépassé les objectifs assignés par le gouvernement. Maintenant que la vie a repris presque son cours normal, rassurez vous que la contribution de la Douanes ira au dessus des objectifs assignés. Je peux tout de même révéler ici que sur les 338 milliards que devrait apporter la Douane pour le budget 2022, plus de 75% étaient déjà disponibles dans les caisses du Trésor public. C’est tout dire.
Votre mot de fin Mr le SGA.
T.A : Je voudrais saluer la dynamique impulsée par la nouvelle équipe, car elle porte véritablement les fruits. Dans la grande maison douane, il y a que des douaniers. Nous avons l’obligation de faire rayonner cette maison chère à tous qui contribue au développement de notre cher pays le Gabon.
Entretien réalisé par Engel Maya