
Au Gabon, comme partout ailleurs où le Covid-19 a frappé, l’on assiste à une mobilisation sans précédente des moyens. Normal, puisque cette pandémie décime non seulement les vies humaines, mais aussi tous les pans des activités : économiques, socio-culturelles, sportives, cultuelles, sans parler de l’éducation.
Face donc à ce monstre invisible et imprévisible, des appels à la solidarité nationale ont été lancés. Et de nombreuses bonnes volontés se sont manifestées pour apporter leurs soutiens multiformes. Ainsi, des apports considérables ont été accordés Gabon via non seulement la Banque Alimentaire, destinée à recueillir les multiples dons estimés à plusieurs milliers de tonnes des denrées alimentaires. A côté de cette Banque, un compte Bancaire destiné à recevoir les Fonds de solidarité nationale à la Caisse de Dépôt et de Consignation, (CDC) dénommé « Fonds Covid-19 ». À ce jour, malgré les multiples chèques reçus ici et là, soit par le ministre en charge des Finances, ou d’autres membres du gouvernement, (ministre du Commerce), bien malin aujourd’hui qui peut dire les sommes logées dans ce compte et leur utilisation quotidienne par ceux qui ont la charge de les gérer. Une opacité qui commence à susciter inquiétudes et remous, non seulement auprès de l’opinion, mais aussi dans certains milieux feutrés.
C’est d’ailleurs ce qui aurait poussé le Premier ministre, lors de son dernier passage à l Assemblée nationale à solliciter une enquête parlementaire sur la gestion de ces fonds. Des fonds dont personnes ne connaît le montant total aujourd’hui. D’ailleurs, même Julien Nkoghe Bekale n’a pas pu dire aux Honorables députés le chiffre exact des sommes perçues. Plusieurs sons de cloches ont été entendus ici et là. Certains évoquent le montant de 250 milliards de FCFA annoncé par le Président de la République, une information battue en brèche par Julien Nkoghe Bekale qui ne reconnaît que les montants annoncés par Ali Bongo Ondimba dans son discours du 03 avril, évalue à moins de 50 milliards de FCFA. Toujours est-il que le compte du Covid-19 est garni et très bien garni. Et puisqu’il s’agit d’un Fonds de solidarité nationale lié à une crise sanitaire d’envergure, aucun franc ne devrait être utiliser pour autre chose ou atterrir dans des comptes privés .
Un devoir de transparence s’impose donc. Une transparence totale non seulement sur la gestion des fonds récoltés dont le montant demeure un mystère, mais aussi dans la gestion de la Banque alimentaire, et même aussi de la pandémie proprement dite. Les chiffrés communiqués par les uns et les autres doivent refléter la réalité des faits. Pour parvenir à cette transparence souhaitée par de nombreux observateurs avertis, il est urgent de revoir la composition actuelle du Copil. La forme actuelle du Comité de pilotage et de riposte contre le Covid-19 ressemble plus ou moins à club d’amis, travaillant sous le sceau de la confidentialité et de l’ormeta.
Pour plus de transparence le Copil devrait être composé en plus des scientifiques, chercheurs et autres médecins, des représentants des Organisations non gouvernementales (ONG), ceux des syndicats de santé, des acteurs de la lutte contre la corruption et des détournements des deniers publics, les leaders religieux et les représentants de la presse libre et indépendante. Ne pas le faire serait favoriser l’opacité de la gestion de cette crise. Or, personne ne devrait marcher sur les cadavres pour profiter des retombées des appels à la solidarité lancés par le Chef de l’État. Le Covid-19 ne devrait pas, comme l’a été le SIDA une source d’enrichissement illicite.
Ceux qui ne se prêteront pas à cet exercice de transparence pourront être rattrapés lorsqu’on fera le bilan après le passage de ce virus. Et là, un autre reptile plus venimeux que le Scorpion et le Mamba pourra se charger des délinquants et autres fossoyeurs qui se seraient rendus coupables des détournements et autres abus durant cette période à l’avenir incertain