
Lancée à la hâte pour palier au transport de la population du Grand Libreville suite à la décision du Chef de l’État du transport gratuit pendant la période du confinement la Société gabonaise des Transports Urbains (Trans’Urb) est déjà confrontée à de sérieuses difficultés. Un mois seulement après, les conducteurs de ces bus n’auraient pas intégralement reçu leurs salaires. Une situation qui risque tuer dans l’œuf les ambitions de cette société.
Les nouvelles qui proviennent de la base de la société de transport publique Trans’Urb ne sont pas bonnes. Elles sont même inquiétantes. Les conducteurs des bus, qui devaient passer à la caisse depuis hier ont été désagréablement surpris. Les salaires qui leur ont été promis n’ont plus été respectés. Au point que ceux qui s’attendaient à 310.000 FCFA se sont retrouvés sans justification aucune avec 120.000 ou 140.000 FCFA.Pour un chauffeur de cette structure, “ à part ceux qui ont d’autres liens avec le Directeur général, aucun conducteur ne s’est retrouvé avec plus de 150.000 FCFA . Or dans les contrats de prestations qu’ils nous ont fait signer en lieu et place des contrats de travail, le salaire était fixé à 310.000 FCFA par mois et 71.000 FCFA par semaine. Nous ne comprenons pas qu’arriver à la date de paiement de ces émoluments, ces des montants dérisoires qu’on nous présente sans nous donner des explications”, s’est il plaint.
Une situation presque ambigue au regard de l’enveloppe allouée au transport, et annoncée par le Président de la République. La somme 6 milliards de FCFA avait été annoncée pour assurer le transport gratuit des populations du Grand Libreville pendant le confinement. Sur les trois compagnies appelées à la rescousse, c’est TransUrb qui avait un nombre important de bus, à côté de TransAkanda, et le comateux Sogatra. Si de nombreux bus de TransUrb ont été affrétés au transport des populations en général, d’autres ont été alloués aux agents de la sécurité et de défenses, aux personnels de santé et ceux des affaires sociales. Qu’est ce qui peut donc justifier qu’à peine un mois seulement, les responsables de cette société publique n’arrivent plus à tenir leurs engagements vis-à-vis des conducteurs?

Le Directeur général de Trans”Urb Joël Lehman Sandougout a-t-il eu un budget conséquent pour assumer toutes les charges liées au bon fonctionnement de cette nouvelle société de transport public? Si oui, pourquoi n’arrive t-il pas à rémunérer à juste titre les conducteurs des bus qui s’exposent chaque jour aux risques de contamination au Corona virus? Si non, pourquoi n’explique t-il pas à ses prestataires que les fonds promis ne sont pas encore mis en place, préférant menacer et influencer les nombreux responsables de famille qui ne réclament que leurs droits.
Le ministre des Transports qui veille à l’application des instructions du chef de l’État et à la gestion du budget alloué au transport devrait aussi rapidement éclairer cette situation incongrue, et qui suscite déjà de nombreux commentaires. Certains allant jusqu’à humer l’odeur d’un détournement maquillé.

A l’allure où vont les choses, il ne sera pas étonnant que Trans’Urb subisse le sort de la Sogatra. Les mêmes causes reproduisant les mêmes effets, une mort subite est à craindre. À moins que les fonds annoncés n’auraient pas servi pour les besoins de la cause. Là encore est une autre affaire..
Achille Essono