
Le Gabon à l’instar de la communauté internationale a célébré le 3 mai dernier la Journée mondiale de la Liberté de la presse. Une occasion de faire le tour sur les principes fondamentaux de la liberté de la presse, de faire le point sur la liberté d’expression dans le monde et de rendre un hommage aux journalistes qui ont perdu leur vie dans l’exercice de leur fonction, ou qui ont été attaqués d’une manière ou d’une autre. La 27ème édition dont le thème était ‘’Un journalisme sans contraintes et sans complaisance’’, reste marquée par la crise sanitaire liée au Covid-19.
Journalisme sans contraintes et sans complaisance est le thème choisi cette année par L’UNESCO pour célébrer la 27ème édition de la Journée mondiale de la Liberté de la presse. Même si aucun cas d’assassinat physique d’un journaliste dans l’exercice de ses fonctions n’a été enregistré au Gabon, il ressort tout de même que les hommes et femmes de médias ne sont pas à l’abris des pressions et menaces qui empêchent de nombreux journalistes d’exercer en toute indépendance.
En effet, la survie des médias au Gabon est un véritable défi pour les promoteurs de ces entreprises. Et l’impression qui se dégage est que l’État ne fait pas grand-chose pour soutenir cet indicateur universel de la démocratie qu’est la presse. Mieux, malgré les discours apparemment apaisés et prometteurs du pouvoir exécutif, ce dernier se méfie de plus en plus des médias, au point où, pour être apprécié par ce pouvoir, il faut tout simplement devenir sa caisse de résonance. Conséquence, une certaine presse est taxée de celle de l’opposition et une autre, celle du pouvoir avec tous les avantages afférents.
Dans ce contexte, le thème arrêté par L’UNESCO pour célébrer la journée mondiale de la liberté de la presse revêt toute son importance. Non seulement pour les praticiens qui sont interpellés au premier chef mais aussi des décideurs qui devraient assurer l’indépendance totale de la presse, pour que les journalistes puissent exercer sans contraintes et sans complaisance. Un jeu d’équilibre à risque.
Dans un environnement où la plupart sinon la majorité des entreprises de presse pour exister doivent parfois se prostituer avec les personnes morales ou physiques, il difficile de travailler sans complaisance. De quel rigueur peut faire montre le journaliste qui attend les virements bancaires d’une administration publique ou privée? Pourtant la volonté y est. Mais les réalités du terrain s’imposent.
D’autres pratiques fragilisent un peu plus cette volonté de s’affranchir de toutes ces contraintes. Pour interdit dans le Code de la Communication gabonais, certaines personnalités publiques ont créé des groupes de presse. Ainsi, l’on peut retrouver des médias très proches de la présidence de la République avec des budgets énormes tirés des fonds publics. Les promoteurs de ces organes de presse tapis dans les arcanes du pouvoir ne trouvent plus utiles de travailler avec des médias “qu’ils ne maîtrisent pas ».
À côté de ces contraintes économiques, d’autres pesanteurs ne favoriseront pas la pratique d’un journalisme sans contraintes ni complaisance. L’autorité de régulation des médias au Gabon,se complait à sanctionner à outrance les médias qui essayent de s’affranchir de certaines barrières pourtant non prohibées ailleurs. La Haute Autorité de la Communication se confond désormais à un organe politique. Ses décisions de plus en plus décriées la décrédibilisent un peu plus. Le recul du Ganon dans le dernier classement de Reporters Sans Frontières (RSF) est en grande partie imputée à la HAC.
La crise sanitaire que traverse le monde en ce moment est un tournant très risqué pour les médias gabonais . Déjà très mal en point pour certains, cette crise risque précipiter à a faillite plusieurs entreprises de presse. Un geste salvateur est attendu des pouvoirs publics pour soutenir pendant cette période d’incertitude les différents médias sans trop se pencher sur la coloration politique des contenus. Certains chefs d’Etat l’ont compris un peu plus tôt et ont allouées des subventions exceptionnelles au médias.